Je ne sais pas si vous êtes comme moi. J’imagine que certaines d’entre vous diront oui. D’autres, non. Quelques-unes s’identifieront à mon texte et d’autres avoueront ne pas être bien seules avec elles-mêmes. En définitive, nous vivons toutes des expériences différentes et pourtant semblables.
S’étourdir pour ne pas sentir
Jusqu’à ma quarantaine, j’ai toujours vécu entourée. Très entourée. Parfois, bien parmi tous et parfois mal. Acceptant de tolérer ce mal-être pour éloigner la solitude.
J’étais l’aînée d’une famille de 7 enfants. Comme je suis une baby-boomer, il y avait tout plein d’enfants à l’école, sur ma rue et plus tard au pensionnat, pour me tenir compagnie. Je croyais que je n’étais pas seule parce qu’il y avait du monde autour de moi, avec moi. Et pourtant…
J’ai aussi vécu dans une famille d’accueil dont le père et la mère étaient tous deux issus d’une nombreuse famille, 7 enfants d’un bord et 14 de l’autre. Que voulez-vous, c’est ainsi que les francophones du Québec ont survécu durant 400 ans… en faisant beaucoup d’enfants.
Plus tard, ma belle-famille était tout aussi nombreuse et j’étais donc constamment entourée.
Je ne savais pas trop ce que c’était vivre avec moi-même, seule dans mes pensées. J’évitais autant que possible par tous les moyens à ma portée de passer un dimanche après-midi seule! J’évitais le SILENCE. Il me terrifiait.

Vivre seule avec soi-même
Ce n’est qu’à 42 ans … oups! Toute seule, complètement seule la fille! « All alone am I » comme dit la chanson … sauf pour le travail.
Au début, quand le vendredi soir arrivait alors que mes compagnes de travail étaient joyeuses à l’idée d’avoir deux jours de congé, je ne pensais pas du tout « Thank God, it’s Friday! » Oh que non! Je mettais la clé dans la serrure de mon appartement et déjà j’appréhendais ce que je retrouverais de l’autre côté de la porte…J’aurais voulu être ailleurs, ne pas avoir deux jours pleins à me lover sur mon fauteuil à ressentir le « vide ».
J’étais assez triste et apeurée à l’idée de me retrouver sans âme qui vive dans mon appartement à ne pouvoir faire autrement qu’affronter mes peurs, mes chagrins, ma tristesse et mes désillusions.
Se retrouver seule, c’est comme se voir dans un miroir sous une lumière crue sans aucun maquillage. C’est voir le bouton qui fleurit sur notre front, le premier cheveu gris ou la ride qui n’est plus une ride d’expression mais une ride point final. C’est se regarder et constater tout à coup comme on a l’air triste, défaite et malheureuse.
Alors, au début, je vécus comme une automate, presqu’isolée pour cacher ma douleur.
Comme un petit chien qui se cache pour lécher ses plaies…
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Mes outils pour m’en sortir
Je me remercie d’avoir continué à travailler, d’avoir accepté de regarder ma vie en face. De ne pas avoir fui par paradis artificiels ou autres. De ne pas avoir eu si peur de moi que j’aurais refuser de me voir telle quelle. Ne pas me mentir, en tout cas le moins possible. Travailler sur moi comme on dit.
J’ai lu, j’ai consulté, j’ai participé à des ateliers de croissance personnelle. J’ai pris soin de moi. Dieu seul sait le nombre de bains parfumés et de bains flottants j’ai pris en écoutant de la musique « transcendentale »!
Ah! Je sortais bien avec des amies au resto, j’assistais bien à une soirée par ci par là. J’allais marcher au Jardin Botanique durant de longues heures, je partais pique-niquer au Parc Angrignon ou au Mont-Royal. Je revisitais le Vieux-Montréal, la rue Saint-Denis mais, j’étais seule. Parfois, je louais un chalet avec des copines, nous partions pour une fin de semaine. J’ai fait du bénévolat durant 6 ans aussi.
Je me sentais tellement seule. J’étais comme une héroïnomane qui ne sait pas ce que c’est que de ne pas se droguer. Ma drogue c’était les autres, leur présence même négative! C’était aussi l’Homme, cette illusion qui meublait ma solitude autrefois.
Puis progressivement, avec les outils que je me suis donnés, j’ai lentement refait surface. J’ai appris à aimer être seule avec moi, à me contenter de lire, de regarder la télé ou de soliloquer, de penser, de m’observer. De rire de moi aussi. De danser seule dans mon salon en souriant de nouveau à la vie, à MA vie.
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Etre bien avec soi-même enfin
Un jour, je me suis rendue compte que j’étais d’agréable compagnie. Que j’étais bien avec moi. Sans les autres. Que j’étais une interlocutrice valable, drôle ou sérieuse, selon le cas.
Aujourd’hui, je chéris chaque moment de solitude qui se présente dans ma vie. J’aime marcher dans mon quartier, le long des rues calmes et silencieuses seule ou avec mon chien. J’apprécie le froid mordant de notre hiver, la neige folle, les oiseaux qui chantent et même le silence. J’aime écrire, lire, cuisiner, chanter faux… et je ne vis plus l’angoisse de me retrouver sans personne.
Je n’ai plus autant besoin des autres pour me tenir compagnie. Je suis bien avec moi-même. Je me tiens bien compagnie dans les moments où personne n’est là.
J’ai appris à m’aimer et ainsi, je puis maintenant aimer l’Autre, les autres.
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Conversation:
J’ai beaucoup parlé de moi il est vrai. Mais comme cet article vous est adressé j’aimerais vous demander si vous vous reconnaissez dans ce texte? Est-ce que vous vivez une solitude semblable ou avez-vous de la difficulté à vous retrouver seule sur de plus ou moins longues périodes?
Que faites-vous quand vous êtes seule? Cherchez-vous à vous entourer? Ou si vous appréciez ces moments de tranquilité? Etes-vous encore en démarche d’accepter votre solitude? Est-ce que vous êtes d’agréable compagnie pour vous-même? etc.
J’aimerais bien vous lire à ce sujet. Peut-être avez-vous des idées, des trucs qui pourraient aider d’autres femmes qui vivent la solitude depuis plus ou moins longtemps…
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