(Article paru originellement sur mon ancien blogue le 14 novembre 2016)
Bonjour,
J’aurais dû écrire ce texte cet après-midi quand je rentrais de ramasser les feuilles mortes dans ma cour, l’émotion était plus vive à ce moment.
J’étais dans le plaisir de l’instant présent. Le soleil brillait et pour un 14 novembre, la température frôlait les 12 degrés. L’air était doux et pas froid du tout.
J’aimais le son du râteau sur les feuilles dorées. Quelques feuilles rouges mais surtout des feuilles qui tournaient au brun et qui commençaient déjà à se recroqueviller sur elles-mêmes.
Dieu qu’il y en avait! J’en ai rempli l’équivalent de 5 sacs!
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Je nettoyais le gazon et je me disais qu’il faudrait bien que je vous écrive pour vous faire part de ce plaisir tout simple.
Une espèce de douceur de vivre, de sentir que mon corps obéissait à ma volonté.
On oublie trop souvent la chance qu’on a de pouvoir marcher, bouger les bras, s’étirer, se ramasser sur soi-même, puis se détendre, en ayant à l’oreille le bruit du vent dans les arbres, le voisin qui parle à son vis-à-vis, le chien qui jappe de l’autre côté de la rue.
Et nos yeux qui regardent sans voir les subtiles nuances de jaune, de rouge et de beige-brun. Nos oreilles qui entendent sans écouter le doux froissement des feuilles sous nos pas, ou notre chien dont le museau fouille le tas de feuilles avec curiosité… Notre nez qui nous procure des odeurs d’automne qui sont si subtiles qu’on ne les sent presque plus.
Nous sommes si habituées à ce que tous ces gestes, toutes ces impressions soient présentes que nous ne les apprécions plus comme nous le devrions.
Alors, pendant que le soleil me réchauffait et que le vent prenait un malin plaisir à disperser les feuilles que j’avais amassées, je me suis dit que la vie était belle. J’ai ressenti une joie presqu’une allégresse, une légèreté, une impression d’être à ma place, ici sur terre.
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Un peu le même sentiment que lorsque je sors par une journée de tempête hivernale, bien emmitouflée comme un p’tit bonhomme Michelin, et que je marche dans la neige folle en tendant la langue pour attraper les jolis flocons.
Ou lorsque je nage, que je me sens comme un poisson alors que j’ai plus l’air d’une roche. Bah non! Quand même, parfois, je me sens fendre l’eau le temps de m’en rendre compte et de me remercier d’avoir un corps en santé.
Les belles ballades dans les chemins forestiers ou dans les parcs en été. Ou comme autrefois, quand je marchais dans les sentiers de la Réserve faunique Rouge-Mattawin et que je chantonnais doucement pour m’accompagner sur la route ou parfois pour me rassurer. Car en forêt, parfois… il y a des animaux sauvages plus gros que soi, n’est-ce pas?
Et puis, le soleil matinal qui entre par mes fenêtres de solarium, quand je me lève et que je souris à la vie, le café à la main.
Ces jours-là, je suis heureuse, je suis contente d’avoir 65 ans, d’être en vie.
Il fait bon vivre.
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Conversation:
Et vous, quand vous faites une tâche ou un exercice, comme ramasser les feuilles, pelleter la neige ou tout simplement faire du vélo, danser dans votre salon, ça vous arrive d’éprouver ce sentiment d’être bien, d’être là où il faut et de ressentir de la gratitude pour la vie, pour la beauté et la force de votre corps et de votre âme?