
A la veille de Noël, il ne semble pas très approprié ce texte que je vais pondre aujourd’hui.
J’aurai 69 ans au printemps prochain. Je ne sais pas si c’est pour cette raison qu’il y a deux semaines, j’ai « pogné un down » comme on dit au Québec.
J’ai frappé mon Waterloo émotif. Je suis devenue morose, triste, sans énergie, sans « oumph ».
Des idées déconcertantes et grises m’ont traversé l’esprit. Je ne me reconnaissais plus.
Mettre le doigt sur le comment du pourquoi, nommer les émotions qui m’assaillaient est difficile à décrire. Je n’arrivais pas à trouver le sens de ces gestes, moments répétitifs. le fameux « pourquoi ».
Je sais simplement que je me levais sans envie de le faire, que je me couchais en me disant qu’un jour, je ne pourrais plus me lever du lit et que j’aurais tout le temps pour regarder mes murs, la télé, les rideaux de dentelle de ma fenêtre. Que je ne pourrais plus lire mes livres et qu’un jour je souhaiterais que la Grande Faucheuse vienne me chercher.
Vous imaginez l’état d’esprit dans lequel j’étais.
Etait-ce parce que je vois partir tous ces êtres qui ont jalonné ma jeunesse, un oncle par ci, une tante par là, un chanteur populaire ou une rockeuse qui avait réussi à survivre aux drogues dures…
Sans aucune raison évidente, j’étais démoralisée. Me demandant combien de temps je pourrais encore danser, marcher, rire et chanter faux.
Dans un an, je serai sur mes 70 ans. Et pour moi, ça a toujours été une porte vers la vieillesse.
Voilà.

Il faut dire aussi que douze jours sans soleil et sans neige au Québec, en décembre, ce n’est rien pour remonter le moral. Ce qui fait aussi que je n’ai pas encore l’esprit à la fête!
Si je vous écris tout ça maintenant, c’est pour vous dire que non, je ne suis pas toujours joyeuse, au 7e ciel non plus.
Je suis comme tout le monde. Je suis parfois triste, déboussolée, inquiète de ce que l’avenir me réserve. Je n’aime pas voir mon corps changer, mon visage effacer lentement les signes de ma jeunesse et de cette espièglerie, cet amour de la vie qu’on ne devine plus nécessairement en me regardant pour la première fois…
Surtout, je vois ceux et celles autour de moi qui déclinent rapidement et ça me touche beaucoup.
Je veux vivre vieille, très vieille, avec toutes mes facultés et ma santé.
Donc, depuis hier, je remonte lentement la pente. Et comment est-ce possible?
Un ami m’a écrit l’autre jour qu’idéalement, je devais accepter que je ne peux pas toujours décider de mes émotions, que je dois accepter que parfois, je sois triste.
Et puis, je me suis rappelée que c’était la même chose que lorsque je vivais des épreuves: au lieu de leur résister, je dois lâcher prise. Accepter. Parce que tout ce à quoi on résiste, persiste.
Alors, voilà, j’ai accepté d’être morose, d’avoir « le moral dans les talons » et lentement, je remonte. Je refais surface.

Je me dis que je suis chanceuse parce qu’encore capable de marcher de longues heures, danser et m’exercer, cuisiner, chanter faux, caresser ma petite chatte Maya, aimer mon fils et mon conjoint. Que ma famille me manque et que je les aime même s’ils sont loin.
Que j’ai la chance de vivre dans un pays qui n’a pas de tremblements de terre, d’ouragan ou de volcans. Que je suis née dans le meilleur temps possible pour les femmes et que demain, après-demain et le 28, je recevrai mes proches.
Que le 1er janvier j’irai manger avec ceux qui m’ont élevée, qui ont fait de moi une humaine heureuse, joyeuse et qu’ils m’ont acceptée même quand je pétais une coche, adolescence rebelle oblige. Que mes choix d’amoureux, de conjoints n’ont pas toujours été à leur goût car ils savaient que je souffrirais mais, qu’ils m’ont toujours respectée dans tous mes méandres amoureux, professionnels et autres.
Il fait soleil au Québec, il n’y a pas de neige à Terrebonne. Je vois mon gazon vert! Je décide aujourd’hui de profiter de cette journée.

Je décide de regarder le positif dans ma vie. Je suis allée à la pharmacie, j’ai acheté des sirops pour la grippe, le rhume. Mais aussi du vin blanc, du bon pain croûté et demain, je reçois… j’ai mis le ragoût de boulettes à dégeler. Il me restera à faire une bonne salade de légumes, des pommes de terre en purée et la famille de mon conjoint apportera le reste. Nous allons bien manger et profiter du temps qu’on passera ensemble.
Et si je redeviens morose, ben coudon! ça sera ok aussi.
Alors, je vous souhaite un beau Noël, de la santé, de l’amour et si vous êtes seule, de ne pas trop vous attrister.
Je vous aime.

«chanter faux»…
Bah ! C’est un but comme un autre, hein… Z’êtes comique, vous. 😀
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