
Je ne ris jamais quand je vois l’affiche de l’Axe ou que je passe à proximité de cet endroit.
C’est juste devant sa porte, qu’un soir d’été, revenant de souper avec des amies, il devait être 19 ou 20 heures, j’ai remarqué un homme qui se tenait à l’entrée de ce club de danseuses nues. Il avait l’air d’être ailleurs, dans un autre monde.
Arrivée à sa hauteur, tout ce que j’ai eu le temps de voir, c’est qu’il se tenait devant moi avec un couteau levé dans les airs. Il avait les yeux fous. Il a arrêté son poignard à deux pouces de mon sein. Ce n’est qu’après que j’ai réalisé que cet homme aurait pu me transpercer le poumon gauche s’il n’avait pas arrêté son geste. J’ignore pourquoi il n’a pas continué. Je dois avoir un ange gardien super puissant!
Ma réaction immédiate (et nounoune) a été de lui dire « Oh, ça va pas bien pour toi ce soir! ». Il ne m’a jamais vue vraiment, ses yeux étaient vides. J’ai pris un taxi pour rentrer chez moi.
Et non, je n’ai pas prévenu la police. Dans les années 70-80, à l’endroit où c’est arrivé, les policiers m’auraient posé des questions mettant en doute mon droit de circuler sur la rue un soir d’été… J’aurais entendu des remarques du genre: « Avez-vous vu comment vous êtes habillée? Qu’est-ce que vous faisiez devant ce club de danseuses cheap » etc. Bref, on ne m’aurait pas crue. Alors, je suis rentrée chez moi. Par la suite, durant un ou deux mois, je ne sortais plus le soir même s’il faisait clair. J’ai dû me raisonner, me dire que ce gars-là ne m’empêcherait pas de vivre et profiter de ma ville.
Ma seule consolation a été que ce soir-là, il y avait des policiers partout sur la rue St-Denis et que c’était soir de « descente ». Comme il s’est éloigné de moi avec le couteau dans les airs, j’espère simplement qu’on l’a arrêté et qu’il n’a pas eu le temps de faire du mal à quelqu’un d’autre. Je ne suis pas restée pour voir ce qui lui arrivait!
