
Ce matin j’apprenais que le centre d’achats Boulevard, situé à l’intersection du boulevard Pie-IX et de la rue Jean-Talon, à Montréal sera exproprié afin de construire une extension de la ligne bleue du métro.
Ce haut-lieu du magasinage rosemontois que j’ai fréquenté la première fois en 1966 et où je suis allée fureter, faire du lèche-vitrine et acheter sporadiquement durant près de 50 ans disparaîtra bientôt. Il fera partie de ces souvenirs, lieux physiques de mes jeunes années qui sont l’un après l’autre disparus à tout jamais.
Que ce soit pour acheter un manteau de printemps, des chaussures et un sac à main en cuir verni de couleur fuschia ou vert lime, ou pour me procurer des mètres de tissu afin de me faire des pantalons larges à taille basse, que ce soit pour faire réparer un ordinateur capricieux ou simplement pour faire le tour des vitrines et constater que mon Dieu que la qualité des boutiques et produits offerts a baissé, j’y allais toujours avec une espèce d’anticipation joyeuse. Ne serait-ce qu’à cause des souvenirs joyeux que j’y retrouvais en entrant par le côté de la grande surface « La Baie ».

Autrefois « The Hudson Bay » était un ancien « Morgan’s ». Colette et moi y allions pour nous acheter des petits riens-du-tout à la mode. Un petit foulard imitation de Pucci, une jolie ceinture de couleur vive ou des bas de nylon à motifs.

J’ai tant de beaux souvenirs. La première fois par exemple, ou la maman de Colette nous avait dit qu’on allait magasiner au Centre d’achats, nous étions parties de la 39e avenue à Rosemont et nous avions marché jusqu’au centre d’achats. Une marche d’une heure au moins et d’un bon pas en plus!
J’étais surprise et lorsque je lui ai demandé pourquoi on ne prenait pas l’autobus, Yvette, ma deuxième maman m’a dit que marcher était le meilleur exercice pour la santé. Elle n’avait pas tort. L’été suivant, nous avons marché tout l’été à Expo 67. De l’ouverture à la fermeture de cet événement extraordinaire, sauf exception, nous y étions pratiquement tous les jours ou à tout le moins plusieurs fois par semaine. Pas surprenant que depuis, toutes les occasions de marcher qui se présentent à moi sont autant de petits bonheurs de la vie quotidienne.

Il y avait aussi un magasin de chaussures haut de gamme « Brown’s ». Colette et moi nous arrêtions souvent devant la vitrine afin d’y admirer les derniers modèles à la mode, hors de prix, of course!

Dans les années 70, il y avait un Miracle Mart de l’autre côté de la rue où j’ai acheté « mon trousseau » quand je suis partie en appartement. Que ce soit des draps, des linges à vaisselle ou une batterie de cuisine. J’étais si fière de pouvoir magasiner pour ces items de première nécessité.
Les années passant rapidement, j’y ai même magasiner pour habiller mon fils ou pour m’acheter un rouge à lèvres, un parfum, un patron de couture ou du fil pour coudre un truc ou deux.
Depuis le début des années 2000, j’y allais beaucoup moins souvent. Je trouvais que la qualité des produits avaient vraiment dégringolée et ce centre d’achats commençait drôlement à ressembler à un centre de troisième qualité. Les enseignes commerciales n’étaient plus aussi invitantes qu’autrefois. Je préférais aller faire mes commissions ailleurs, dans des endroits plus chics, plus « haut de gamme » surtout meilleurs pour le moral.
C’est tout de même dommage que cet endroit qui a jalonné certaines parties de ma vie disparaisse à tout jamais et ce, bientôt. j’y étais attachée.
